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TOULOUSE - ILS DESSINENT LA METROPOLE DE DEMAIN

LE POINT, Article de presse par Stéphane Thépot


Pari. Des étudiants de l’École nationale supérieure d’architecture ont imaginé la Ville rose dans le futur. Des projets moins utopiques qu’il n’y paraît.



Imaginez le port de l'Embouchure débarrassé de ses voitures. C'est le serious game auquel se sont livrés deux étudiants de l'Ecole nationale supérieure d'architecture (Ensa) de Toulouse. Julien Jarrige et Julien Roudeix, tous deux en dernière année de master, ont conçu un vaste ensemble immobilier au bord du grand bassin où sont amarrées des péniches, parmi lesquelles celle qui rend hommage à Claude Nougaro. Pour cet exercice d'école, ils ont laissé libre cours à leur créativité : une école, un centre culturel, des guinguettes et une vaste cuisine alimentée par des bateaux sont intégrés dans leur plan. Les futurs architectes ont même pensé à un nouveau stade pour le quartier des Sept-Deniers. Une manière de faire honneur à l'enceinte sportive primitive qui abritait les matchs du Stade toulousain : le stade historique Ernest-Wallon de l'équipe de rugby emblématique de la ville a été démoli en 1980 pour laisser passer la rocade. Il a été reconstruit, plus grand et à quelques encablures, sur des terrains voisins de la station d'épuration de Ginestous.


En toute liberté.

Effacer la portion du périphérique actuel entre les échangeurs des Minimes et de Purpan serait la condition pour que l'exercice de fin d'études des deux élèves puisse devenir réalité. Une pure hypothèse d'école, défendue mordicus par leur professeur. « L'échangeur des Ponts-Jumeaux a étéconstruit bien trop près du centre-ville », critique Uli Seher. Depuis plusieurs années déjà, l'architecte et urbaniste originaire de Stuttgart propose aux étudiants toulousains de redessiner en toute liberté les contours de la ville. L'exercice, qui revendique une part d'utopie, est cependant réalisé en partenariat avec la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). Le pari d'Uli Seher, qui enseigne à Toulouse et travaille entre les bureaux de son agence à Paris et les chantiers de ses réalisations dans toute l'Europe ? Provoquer des étincelles fertiles entre professionnels du bâtiment - et futurs architectes. « Vous nous voyez comme des requins de l'immobilier et nous vous regardons comme des artistes », résumait le président régional de la FPI lors du lancement de l'expérience, en 2015.


Mobilité:

Julien Jarrige et Julien Roudeix ont eu l'idée originale de désenclaver le quartier des sept-Deniers en " zappant" un tronçon du périphérique sur l'échangeur du port de l'Embouchure.


Site protégé.

Le district du Grand Toulouse, embryon de Toulouse Métropole réunissant 15 communes n’a, en effet, vu le jour qu’un 1992 à l’initiatieve de Dominique Baudis ( UDF) et de ses homologues de Blagnac (PRG) et de Colomiers (PS). Ce sont donc des ingénieurs et des architectes de l’ETAT qui ont dessiné le tracé du premier contournement rapide de la ville et défini l’emplacement du pont autoroutier enjambant la Garonne.


Mise en valeur: Sur l'espace dégagé par réaménagement de l'échangeur, une école a été intégrée au projet.


L’ouvrage d’art a été inauguré en 1973 entre Purpan et les Amidonniers. A l’époque, pas grand monde ne se souciait vraiment des Ponts-Jumeaux, pourtant inscrits aux Monuments historiques depuis 1967. Le canal du Midi, creusé par Riquet sous le règne du Roi Soleil n’était pas encore inscrit au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco (1996). La navigation commerciale avec les dernières péniches tournait déjà au ralenti. Le port de l’Embouchure, ancien carrefour entre canal allant vers Sète et celui filant en direction de Bordeaux, s’envasait inexorablement au débouché du pittoresque canal de Brienne et de sa double allée majestueuse de platanes centenaires. La presse locale de l’époque s’inquiétait davantage du sort du stade des ponts-Jumeaux, voué à la démolition que du bétonnage du canal du Midi, qui a bien failli disparaitre sous une voie rapide pour traverser la ville. Il aura fallu quelques « hurluberlus » comme Philippe Dufetelle militant des Amis de la terre, qui deviendra le premier adjoint a l’environnement de Dominique Baudis, s’enchaînent spectaculairement aux platanes pour que le projet des ingénieurs de l’équipement reste dans les cartons.


Présenté pendant deux jours en mai dernier à la guinguette Le Gros Arbre, récemment installée au bord du bassin des Filtres, le projet des deux étudiants d'Uli Seher n'est pas le seul à pouvoir donner du grain à moudre aux urbanistes. L’exposition en plein air montrait également les autres idées des élèves de l’école d’architecture sur le thème des jardins Métropolitains pour la ville de demain. Des projets que les apprentis architectes espèrent inspirant, comme cette auberge culinaire sur l’île du Ramier au pied de la futur passerelle d’Empalot, ce marché fluvial aux cales de Radoub ou ces ateliers de briques et de verre consacrés à la logistique et la transformation agroalimentaire à la ferme des Cinquante de Romainville.


« L’échangeur des Ponts jumeaux a été construit trop près du centre-ville » Uli Seher


Civiliser les autoroutes:

En attendant, l’idée d’éliminer la sortie 30 du périphérique, qui voit passer environs 10 000 véhiculespar jour, n’est peut-être pas sui utopique. Surtout depuis la construction du Fil d’Ariane par le département, qui dévie une partie de la circulation pour traverser la Garonne du côté d’Ancely vers Blagnac. L’ambition de « civiliser » les anciennes autoroutes urbaines en les transformant en « Boulevards urbains » fait son chemin. Elle est même l’objet d’un début de réflexion entre Rangueil et Empalot au moment même où le chantier d’élargissement de ce tronçon à trois voies se termine. « ABarcelone un gros nœud routier va être enterré du côté de la tour Abgar » note Annette Laigneau. De quoi faire rêver ceux qui aimeraient faire reculer les grands axes routiers en ville.


Créatifs: Sur les rives du grand bassin, les deux étudiants ont également envisagé sur leur plan une vaste cuisine qui serait alimentée par les péniches



Maître d'œuvre: L'architecte et urbaniste Uli Seher pilote ce projet pédagogiques de l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Toulouse en partenariat avec la Fédération des Promoteurs Immobiliers.










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